Décolonisation de la politique climatique au Canada : Rapport de la première phase

Organization
Indigenous Climate Action

Auteure +
Jen Gobby, Rebecca Sinclair, Rachel Ivey

An: 2021

Le colonialisme a causé le changement climatique. Les droits des Autochtones sont la solution.

Alors que la crise climatique s’intensifie et que les gaz à effet de serre (GES) continuent d’augmenter, les efforts nationaux pour réduire les émissions de GES échouent et le pétrole et le gaz continuent d’être extraits, importés, exportés et brûlés. Les peuples Autochtones du Canada et du monde entier font partie de ceux qui contribuent le moins à cette crise climatique croissante, mais sont les premiers et les plus durement touchés par l’intensification des changements climatiques. Au milieu de cette immense injustice, les Peuples Autochtones mènent des mouvements pour la justice climatique et environnementale en défendant leurs terres et leurs eaux contre l’empiétement colonial et le développement extractif.

Pour répondre à cette crise climatique, les gouvernements du monde entier ont fixé des objectifs, ont élaboré des plans et ont créé des politiques pour réduire leurs émissions. Au cours des cinq dernières années, le gouvernement fédéral canadien, dirigé par Justin Trudeau, a dévoilé deux plans climatiques : le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques (CPC) en 2019 et Un environnement sain, une économie saine (ESES) en décembre 2020.

Ce rapport présente les résultats de la première phase d’un projet de recherche visant à déterminer si les politiques et la planification en matière de climat au Canada tiennent compte des droits des Autochtones et s’attaquent aux causes profondes de la crise climatique. Ce projet est le fruit d’une collaboration entre l’équipe d’Indigenous Climate Action (ICA), la Dre Jen Gobby, Rebecca Sinclair et Rachel Ivey.

Le projet comprend deux phases. Dans la première phase, qui fait l’objet du présent rapport, les auteurs ont procédé avec à une analyse critique approfondie du CPC et d’ESES afin de déterminer s’ils s’attaquent aux causes  les Peuples Autochtones et leurs droits, connaissances et approches à une action climatique. Les auteurs recherchent également à comprendre comment tout cela influe sur la capacité du CPC et d’ESES à mener une action climatique significative.

Comme l’expliquent en détail les pages suivantes, les Peuples Autochtones, leurs droits, leurs connaissances et leur leadership en matière de climat ont été mentionnés à maintes reprises dans les deux plans, mais nous avons été structurellement exclus des tables de prise de décision où ces plans ont été élaborés. En fait, les représentant·e·s de quelques provinces se sont activement opposé·e·s à l’inclusion des Autochtones dans ce processus. Cette exclusion active constitue une violation des droits des Peuples Autochtones à l’autodétermination et au consentement libre, préalable et éclairé (CLPÉ), tels que définis par les Nations Unies. De plus, cette exclusion flagrante va à l’encontre des engagements du gouvernement libéral en matière de réconciliation et de relations de nation à nation, entre les Inuits et la Couronne, et de gouvernement à gouvernement. Elle ignore également de nombreux appels à l’action émanant du rapport de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada et d’autres enquêtes importantes menées par le gouvernement, notamment la Commission royale sur les Peuples Autochtones (CRPA) et l’Enquête nationale sur les femmes et les filles Autochtones disparues et assassinées (ENFFADA).

Bien que ces rapports fassent état à plusieurs reprises de l’intention de travailler en véritable partenariat à l’avenir, ce « véritable partenariat » n’est pas encore passé de la parole aux actes.

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Au-delà du processus par lequel les plans ont été élaborés, les politiques et les actions proposées sont également problématiques. Tout d’abord, les deux plans permettent la poursuite de la production de combustibles fossiles; une source principale d’émissions de GES et un facteur important de violation des droits des Autochtones au Canada. Deuxièmement, certaines des solutions proposées ignorent les réalités auxquelles sont confrontées les communautés et les nations Autochtones. Elles ne s’attaquent pas aux inégalités structurelles continuellement reproduites par les relations et les politiques coloniales en cours au Canada. De plus, certaines des actions et initiatives proposées dans le CPC et ESES peuvent avoir des effets négatifs disproportionnés sur les Peuples Autochtones et entraîner des violations de leurs droits. Enfin, il existe de nombreuses façons dont ces politiques climatiques peuvent servir à perpétuer les moteurs et les causes profondes du changement climatique.