Économies communautaires : démocratie en action

octobre 16, 2015

Les élections sont des moments naturels pour penser à l’avenir. Quelle sorte de Canada souhaitons-nous? Quels enjeux sont les plus importants? Quelle sorte de changement est possible?

Hand putting a ballot in an Elections Canada ballot box

Toutefois, dès que nous commençons à penser à ces questions, un déluge d’enjeux urgents commence à faire surface : l’économie, l’environnement, l’appui aux immigrants et aux réfugiés, le chômage des jeunes, une nouvelle relation avec les peuples autochtones, l’inégalité croissante, les soins de santé pour notre population vieillissante, la réforme de la démocratie… La liste peut devenir déconcertante.

Et si le déluge d’enjeux était vraiment un symptôme de problèmes systémiques plus profonds? Si de traiter chacun d’entre eux individuellement ne changeait pas la dynamique qui les a créés?

Comprenez-moi bien – de traiter les symptômes est essentiel. Mais si nous ne nous occupons pas aussi des causes, nous pourrions tourner en rond éternellement.

Plusieurs des frustrations par rapport aux réponses gouvernementales à ces questions sont ancrées dans les structures en silo et les murs de compétences qui ont été créés il y a longtemps. Ils sont l’héritage d’une façon de penser le monde qui est plus axée sur les différences et la séparation que les liens.

Aujourd’hui, il est évident que l’économie est liée à l’environnement. Les spécialistes en santé publique et les épidémiologistes savent que votre santé est affectée par votre revenu. Et les entreprises sont essentielles à la création des communautés.

Pour la majorité de nous, tous ces enjeux se rassemblent là où nous vivons et l’économie affecte presque chaque sphère. De prendre des mesures pour changer l’économie au niveau communautaire, afin d’y réinsérer nos valeurs est une tendance croissante. Nous le voyons dans les choix des consommateurs pour des aliments santé et locaux, la création de nouvelles coops et entreprises sociales et le mouvement vers l’investissement communautaire et les occasions d’achats sociaux, pour ne nommer que ceux-là.  

Des milliers de Canadiens créent des économies communautaires qui sont plus démocratiques et qui contribuent à des impacts positifs locaux, économiques, sociaux et environnementaux. 

Pour certains, de parler des économies communautaires peut sembler comme de la nostalgie bornée pour un temps révolu. En contraste, Samuel Bowles et Herbert Gintis prédisent que de déplacer le contrôle vers les communautés augmentera probablement à l’avenir. La raison est que les sortes de problèmes que les communautés peuvent résoudre – ceux qui ont aussi tendance à résister aux solutions gouvernementales ou du marché – prennent forme lorsque les interactions ne peuvent être réglementées par des contrats ou des décisions externes à cause de la complexité des interactions ou de la nature privée de l’information impliquée. Alors que la production par équipe axée sur l’information remplace les chaînes de montage, et que l’économie se transforme de l’accent sur les quantités vers les qualités, les capacités supérieures de gestion des communautés faciliteront les interactions qualitatives qui sous-tendent l’économie du 21e siècle.

Le changement vers un axe communautaire n’est pas que pratique, c’est aussi simplement une meilleure façon de vivre, plus épanouie. Charles Leadbetter plaide que le temps est venu pour une correction coopérative, afin de changer notre centre culturel de gravité. Après être devenus trop dépendants sur des règlements explicites, des systèmes formels et des incitatifs matériels qui étouffent la coopération, nous pouvons maintenant nous concentrer sur les formes de gouvernance communautaire fondées sur les relations et la confiance plutôt que les systèmes et les règlements ainsi que les approches aux politiques publiques qui créent des occasions pour la coopération plutôt que de les fermer dès le départ.

La coopération et les communautés – loin de sembler pittoresque et anachronique – pourraient venir à définir l’esprit des temps, réussis et modernes, ambitieux et dynamiques.

Appuyés par plusieurs sciences qui convergent, nous comprenons maintenant mieux comment soutenir la coopération par l’équité, la communication, les normes et la création de réputation. L’internet et les médias sociaux travaillent en faveur de la coopération, de l’amplification et du renforcement de relations.

L’étiquette la plus appropriée pour notre situation actuelle difficile a été suggérée par le biologiste évolutionniste David Sloan Wilson dans une conversation que j’ai eu avec lui plus tôt cette année. Après avoir travaillé avec la lauréate du prix Nobel Elinor Ostrom pendant plusieurs années pour généraliser les principes de conception de la coopération dans les groupes qui réussissent, il a décrit l’occasion devant nous comme une « évolution culturelle ». C’est une occasion de changer de vieilles pratiques qui peuvent avoir fonctionné pendant un certain temps, mais qui sont maintenant dépassées.

En renforçant les communautés, et en changeant nos économies pour accroître le contrôle local, nous créons des occasions de faire la différence dans un grand nombre de dossiers. Ces étapes pour la redynamisation des économies de quartier peuvent mener vers une nouvelle ère d’abondance, de résilience et de santé.

Donc lorsque vous voterez dans l’élection fédérale, réfléchissez à agir pour les économies communautaires dans votre choix, ainsi que dans vos choix quotidiens par la suite.

C’est la démocratie en action.


Michael Toye est directeur général du Réseau canadien de DÉC au sein duquel il a occupé différents postes depuis 2000. Michael a également donné des cours sur le DÉC et l’économie sociale à l’Université Concordia et a écrit des articles et autres publications sur le DÉC et l’économie sociale; il a coédité le livre Community Economic Development: Building for Social Change.

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