« L’économie sociale a parcouru un bon bout de chemin au Québec depuis 1996. Il lui en reste encore beaucoup à parcourir également. »
Dans le domaine de l’économie sociale, Nancy Neamtan est un chef de file. À la suite du Sommet sur l’économie et l’emploi de 1996, elle a dirigé le Chantier de l’économie sociale. Un poste qu’elle a cédé à Jean-Martin Aussant en août 2015.
« La reconnaissance de l’économie sociale est maintenant acquise. À partir de 1996, tout le monde a compris que l’économie faisait partie de notre vie de tous les jours, et ce, depuis longtemps et qu’elle constituait une partie intégrante de la structure économique du Québec », a déclaré Mme Neamtan qui participait, mardi, à une annonce de la ministre de l’Économie, de la Science et de la Technologie, Dominique Anglade.
Cette dernière confirmait un soutien financier de 10 millions $ au Réseau d’investissement social du Québec (RISQ). Des billets verts qui s’ajoutent dans la cagnotte de ce fonds de capital de risque à but non lucratif créé pour soutenir le démarrage, la consolidation, l’expansion et le redressement de coopératives et autres organismes à but non lucratif.
Nancy Neamtan se souvient d’avoir entendu, dans les débuts du RISQ, qu’il s’agissait ni plus ni moins que de l’argent tiré par les fenêtres. Des sommes prêtées à des entreprises communautaires vouées à la faillite.
La réalité est tout autre, a expliqué Mme Neamtan. « Les taux de perte dans les entreprises d’économie sociale sont inférieurs à ceux des PME et leur durée de vie dépasse celle des entreprises du secteur privé, notamment dans le cas des coopératives. Les entreprises d’économie sociale naissent de l’action collective de citoyens pour répondre à des besoins ou à des aspirations de leur milieu. Avant que ces entreprises rendent l’âme, les gens vont tout faire pour assurer leur survie. »
De l’avis de Nancy Neamtan, l’économie sociale est loin d’avoir atteint son plein potentiel, notamment parce que les instruments financiers ne correspondent pas toujours à sa réalité.
Problème de sous-capitalisation
De là, l’importance du RISQ qui, depuis sa fondation en 1997, a injecté plus de 25 millions $ dans près de 750 projets qui ont généré des investissements totaux de près de 280 millions $. Les sous du RISQ ont notamment permis la création et le maintien de près de 7000 emplois.
« En économie sociale, le problème de sous-capitalisation est majeur », a soutenu le président du conseil d’administration du RISQ, Richard Gravel.
« Ça se traduit par la difficulté d’accéder à des outils financiers plus traditionnels qui ne sont pas adaptés et qui n’ont pas la capacité d’analyser à leur juste valeur les tenants et les aboutissants d’une entreprise d’économie sociale. »
Selon M. Gravel, les entreprises d’économie sociale n’ont cessé de démontrer « qu’elles peuvent être viables et prospères pourvu que l’on permette d’avoir un financement adapté ».
Pour la ministre Anglade, « il ne peut exister de développement économique au Québec sans développement social. L’un doit marcher main dans la main avec l’autre. »
Dans son plan d’action gouvernemental en économie sociale, Québec entend investir plus de 500 millions $ entre 2015 et 2020 pour créer et maintenir 30 000 emplois.
En un mot
L’économie sociale: L’économie sociale regroupe des entreprises dont les propriétaires sont soit les personnes qui utilisent les services, ceux qui y travaillent ou des citoyens, citoyennes. Ces entreprises vendent un produit ou un service qui répond à un besoin exprimé par la communauté ou un groupe de personnes. Les profits sont réinvestis dans l’entreprise pour améliorer les emplois ou développer de nouveaux services, par exemple. Leur priorité, c’est la personne et non l’argent à tout prix.
Originalement publié le 17 mai 2016 par le Soleil (écrit par Gilbert Leduc)