Carrefour Nunavut s’investit dans l’entrepreneuriat coopératif : Faire le plein d’aliments frais

novembre 13, 2015

Carrefour Nunavut s’investit dans l’entrepreneuriat coopératif : Faire le plein d’aliments fraisQuand action citoyenne rime avec entrepreneuriat, on voit émerger des projets porteurs comme celui d’IqaluEAT, au Nunavut. Une initiative citoyenne regroupant majoritairement des francophones et soutenue activement par le Carrefour Nunavut. Un projet qui connaît un tel succès qu’il fait déjà jaser dans d’autres provinces canadiennes !

Les chiffres du succès!

  • Six francophones et un francophile gèrent le projet IqaluEAT bénévolement.
  • Un projet pilote a permis de réaliser trois marchés publics (30 août et 8 novembre 2014, 14 février 2015).
  • 700 Iqalummiut ont participé à ces trois marchés.
  • Plus de 2 000 kg d’aliments sains, frais, diversifiés et à prix abordables ont été vendus à la population.
  • Plus de 50 bénévoles (francophones, anglophones et inuit); ont soutenu le comité.
  • La promotion s’est faite dans les trois langues officielles du Nunavut (français, anglais, inuit).

Avoir accès à des produits frais, diversifiés, à prix abordables, pour pallier le déséquilibre alimentaire sur le territoire : voilà la mission que s’est donnée le comité de citoyens.

« En soi, le concept n’est pas nouveau », explique Michel Potvin, porte-parole d’IqaluEAT. « Il y a eu un projet similaire il y a plusieurs années, avec incorporation d’une coop, mais le projet n’a pas vu le jour. En octobre 2012, constatant le manque de fruits et de légumes frais à prix abordables, et le peu de diversité en produits alimentaires, un comité de citoyens d’Iqaluit s’est mis en action afin de relancer le projet d’une coopérative alimentaire », conclut-il.

En moins d’un an, le groupe de bénévoles, qui compte aujourd’hui six francophones et un francophile, a tenu plusieurs rencontres de travail. « Au début, une quinzaine de personnes avaient manifesté l’intérêt de former un groupe de travail. Mais quelques mois plus tard, après la 3ème rencontre du comité, je me suis retrouvé seul de ma gang », explique en riant Michel Potvin. « Je suis allé cogner à la porte du Carrefour Nunavut pour voir s’ils pouvaient m’aider. Avec leur soutien, on a réussi à attirer d’autres personnes et on s’est fait offrir une session d’information COOP 101 pour mieux comprendre les principes directeurs et les différents modèles de coopératives ».

Un nom évocateur

L’idée du mot IqaluEAT est venue de François Fortin, agent des communications et services aux membres au Carrefour Nunavut.

Ce nom évocateur reflète bien les 3 langues et les cultures présentes au Nunavut, et se veut un beau clin d’œil au projet de coopérative alimentaire.

Marché IqaluEAT

Un test de marché a permis de réaliser… un premier marché public en août 2014 et d’identifier plus précisément les besoins et intérêts de la population pour des fruits et légumes frais à prix modiques, pour certains produits alimentaires comme le fromage ou le pain, le tout en établissant une stratégie coopérative. Les 700 kg d’aliments frais et abordables offerts au premier marché public se sont envolés comme des p’tits pains chauds, en moins de 75 minutes !

Pas moins de 700 clients ont eu accès à plus de 2 000 kg d’aliments sains, frais, diversifiés et à prix abordables durant ces trois marchés.

Le groupe de citoyens espère rapprocher les communautés autour d’un projet qui est profitable pour tous. « On veut être créatif, avec un modèle qui va permettre d’inclure tout le monde et de faire un véritable projet communautaire qui touche toutes les cultures », lance avec enthousiasme Michel Potvin.

L’affaire est chocolat !

Fier des succès remportés en 2014, le comité IqaluEAT a tenu compte des commentaires des citoyens en organisant un 3ème marché public, le jour de la St-Valentin.

« Pour la St-Valentin, on a eu du chocolat, bien sûr, mais c’était aussi une occasion de sensibiliser les participants au fait de bien manger » explique Michel Potvin.

Chaque occasion permet à IqaluEAT de préciser les besoins et les attentes de la clientèle. Pour minimiser les pertes d’aliments, qui se gâtent plus rapidement en hiver, IqaluEAT a même fait don des surplus à une soupe populaire qui les a transformés en repas pour des membres de la communauté.

On se partage la recette !

« Le coût de la vie élevé, les besoins en logement et en approvisionnement sont autant de défis auxquels doivent faire face la population », explique Hélène Leblanc, députée de LaSalle-Émard et porte-parole de l’Opposition officielle en matière de coopératives, lors d’une visite très positive au Nunavut en juillet 2014. « Ce sont autant de possibilités pour les coopératives de répondre aux besoins du Nunavut. J’admire la capacité des gens du Nunavut à trouver des solutions, comme les coopératives, pour s’adapter à des conditions parfois difficiles » a-t-elle conclut.

La recette est bonne ! Tellement que d’autres provinces souhaitent déjà s’en procurer les ingrédients ou créer des partenariats pour en faire profiter leurs concitoyens.

Le Nunavik a ainsi manifesté un intérêt tangible à explorer des avenues qui permettraient d’amener de nouveaux aliments frais dans cette région, par la même voie que celle empruntée par le Nunavut. Des négociations avec des fournisseurs et des économies d’échelle sont au cœur des enjeux, pour le mieux-être des clientèles du Nord. Après tout, on est en affaires !

Aux Territoires-du-Nord-Ouest, les succès de la Coop de Yellowknife sont source d’inspiration. Fondée en 1981 par 36 familles, cette coop alimentaire compte aujourd’hui plus de 4 500 membres et emploie 130 personnes. De quoi faire rêver les responsables d’IqaluEAT qui voient un avenir florissant pour leur projet de coopérative alimentaire. « S’ils ont réussi à faire ça dans le Grand Nord canadien, alors pourquoi pas nous ! » ajoute avec enthousiasme Michel Potvin.

Des ingrédients qui font toute la différence !

En cuisine, c’est bien connu, la mise en place fait toute la différence. Il en va de même pour certains partenariats qui assurent la réussite d’un tel projet.

D’entrée de jeu, la collaboration de partenaires clés au Nunavut a eu un impact majeur sur le succès de l’action citoyenne. Le comité IqaluEAT a pu compter sur le soutien du Carrefour Nunavut, du Réseau Santé en français du Nunavut (RÉSEFAN), de l’Association des francophones du Nunavut (AFN), du Community Wellness Program de la ville d’Iqaluit et du Iqaluit District Education (IDE).

Pour mener à bien sa mission, IqaluEAT fait affaire avec Northern Shoppers, une entreprise familiale d’Ottawa, pour se procurer des produits frais, de provenance locale autant que possible.

Enfin, l’importante logistique nécessaire pour mettre en place ce marché public a été possible grâce à la collaboration de First Air. Une alliance qui s’avère essentielle pour un événement de cette ampleur.

Soulignons également que c’est avec le gouvernement du Québec, par le soutien du Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes (SAIC), que le Carrefour Nunavut a conclu une entente de partenariat pour avoir accès à des experts qui, après un examen, vont recommander un des modèles coopératifs les plus appropriés aux besoins du milieu et en phase avec les valeurs portées par le comité responsable du projet.

En réel et en virtuel : au goût du jour !

Les actions menées par le groupe de citoyens d’Iqaluit reflètent bien les objectifs et les valeurs du projet IqaluEAT :

  1. Offrir des produits de sources locales autant que possible : pour soutenir l’économie locale.
  2. Acheter des produits de saison : pour offrir fraîcheur, qualité et variété, tout en réduisant les coûts de transport et l’impact négatif sur l