Quels sont les éléments clés d’une « nouvelle » économie ?

novembre 3, 2015

communityD’une certaine manière, cette « nouvelle » économie est un retour aux valeurs qui précédaient l’époque du capitalisme tous azimuts que nous connaissons depuis les années 50. Ce modèle est fondé sur la compétition, le tout au marché, l’individualisme à outrance et le consumérisme. Un modèle qui façonne les humains comme des salariés et des consommateurs, et pour ceux qui ont de l’argent, comme des investisseurs.  L’appât du gain est encouragé. 

Or, il n’y a pas si longtemps, dans les villages et dans les quartiers des villes, la collaboration et l’échange, l’entraide dans la communauté, étaient dominants. Il en va de même pour l’humanité dans son ensemble. En général, les humains vivaient en harmonie avec la nature. Comme c’était le cas pour les populations aborigènes des Amériques avant la colonisation imposée par les européens. Les humains vivaient en harmonie avec la nature qui était la source et le maintien de la vie. Ce n’était pas vu comme une ressource à exploiter. 

En quelques sortes, la nouvelle économie doit revenir aux valeurs fondamentales qui ont été celles de l’humanité et la plupart des communautés humaines de la planète. Autrement dit, il faut que l’économie soit au service des humains et non pas les humains au service d’une économie qui fait en sorte que 1% des humains possèdent 50% de toutes les richesses. 

Ainsi, il faut renforcer le courant alternatif qui existe déjà. En fait, ce n’est pas une nouvelle économie. Ce mouvement alternatif au capitalisme remonte au 19e siècle dans une époque de capitalisme qui s’imposait. C’est ainsi que les travailleurs se sont données des outils de défense comme les syndicats, mais également des mutuelles et des coopératives afin de subvenir à leurs besoins.  Ce mouvement n’a cessé d’exister, et s’est même développer dans les périodes de crises, pas nécessairement par idéologie, mais par nécessité.    

Économie solidaire comme modèle alternatif

Une des voies prometteuses s’affiche comme modèle alternatif au système dominant : l’économie solidaire. Selon les pays et les cultures, elle se nomme un peu différemment. Mais, fondamentalement, les similitudes sont grandes et on y retrouve des caractéristiques communes tel la primauté des besoins humains sur les besoins du capital, une réduction des inégalités, le respect des droits fondamentaux de tous les humains, un modèle d’économie respectant la nature, y incluant réparer les dégâts déjà engendrés.

Partout sur la planète, des communautés humaines vivent déjà cette voie ou s’y orientent. On peut considérer que par choix ou par nécessité, entre 30 et 50% de l’activité humaine respecte ces valeurs. En effet, il ne faut pas oublier qu’au-delà des exemples habituels telles que des coopératives ou des entreprises à but non lucratif, dans bien des pays une partie importante des communautés, surtout en milieu rural, vit en grande partie en dehors du grand circuit de production et de consommation comme il existe dans les pays dits développées.  Ainsi, il serait possible de basculer des sociétés entières vers un modèle non soumis au dictat des capitaux ou du 1% des possédants.  À condition qu’elles n’orientent pas leurs sociétés dans le modèle de surconsommation. 

La résistance sera forte. L’idéologie du modèle dominant mise sur les sentiments égoïstes des humains. Les religions sont utilisées pour semer les divisions. Le racisme et la discrimination font des ravages dans toute les sociétés. 

Toutefois, une majorité des humains ne sont pas dupes et ils réalisent que ce n’est pas possible de continuer dans la même voie qui va amener notre civilisation actuelle à se détruire en rendant la planète invivable pour la majorité des espèces actuelles, y compris l’espèce humaine.  

Il est de plus en plus reconnu par les scientifiques que l’espèce humaine a survécu et s’est développée parce que la collaboration était la caractéristique fondamentale de l’espèce.

Il en va de même pour la survie. La clé de cette survie est la coopération et la solidarité. Autrement, notre espèce est menacée car elle détruit la biosphère qui l’a permis de naître comme espèce.


Yvon PoirierYvon Poirier est Secrétaire du Conseil d’administration du Réseau canadien de développement économique communautaire (RCDÉC) et Président du Comité international.

Il est également membre du Conseil d’administration du Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale solidaire (RIPESS).  À ce titre, il participe à diverses activités du réseau dont la participation dans le Groupe de travail inter-institutions de l’ONU sur l’ESS (Économie sociale solidaire). Récemment, il participait, en tant que délégué du RIPESS  dans le groupe des Organisations de la société civile (OSC), à l’Assemblée générale de l’ONU qui adoptait les Objectifs de développement durable (ODD) pour la période 2015 à 2030.  Il accompagnait son collègue du Mali qui avait été sélectionné comme orateur dans un dialogue interactif pendant le l’Assemblée générale.

Pendant ses années dans l’enseignement et le syndicalisme, il s’est continuellement impliqué dans les mouvements sociaux, notamment au niveau du développement local et le développement économique communautaire. Ainsi, il était président de la Corporation de développement économique communauté (CDÉC) lors de la fondation en 1993-1994. 
Il est impliqué dans le RIPESS depuis 2004 et il a écrit divers documents portant sur l’origine des concepts en ESS et sur le rôle des syndicats québécois en ESS.  Il a participé à plusieurs forums Sociaux Mondiaux et à diverses rencontres des membres du RIPESS, et ce notamment en Asie.