Développement local, organisation communautaire et économie sociale : une recension des écrits

Organization
Les Cahiers du CRISES Collection Études théoriques

Auteure +
Jacques L. Boucher et Louis Fravreau

An: 2001

Voilà déjà près de quinze ans, notamment avec la création des premières corporations de développement économique communautaire (CDEC) dans la région de Montréal, que les mouvements sociaux locaux (organisations communautaires, groupes de femmes et groupes écologiques), ont pris le tournant du DÉC comme stratégie d’organisation communautaire. C’est qu’aujourd’hui plus qu’hier, leur implication dans la production de services, la création d’emplois et la revitalisation économique et sociale de communautés locales est croissante. Pourquoi ? Parce que, comme composante d’un troisième pôle de l’économie, l’associatif est engagé non seulement dans la revendication auprès des pouvoirs publics d’un transfert de la richesse collective à des groupes de la société qui en ont moins mais également dans la production de richesses avec, par et pour ces groupes et ces communautés en difficulté. Cet engagement nous conduit aujourd’hui, malgré toutes les difficultés et tensions que cela induit, à disposer de meilleures assises pour la démocratie locale.

En effet, dans la décennie 90, les mouvements sociaux locaux ont ouvert de nouveaux chantiers et, parmi d’autres, celui de l’insertion par le travail, notamment par l’intermédiaire des Carrefours jeunesse emploi et des entreprises d’insertion (Assogba, 2000 ; Favreau, 1998). En milieu urbain de régions ou dans les grands centres comme Montréal, ces mouvements ont également opéré un saut qualitatif en mettant sur pied des projets et des dispositifs de solidarité économique de quartier. Bref, un certain nombre d’entre eux ont opté non seulement pour de nouvelles formes d’entraide socio-économique (Fréchette, 2000) et d’insertion par le travail (Assogba, 2000) mais aussi pour le développement économique communautaire (Favreau et Lévesque, 1999), inspirés en cela par l’expérience du développement local en milieu rural (Deschênes et Roy, 1994) mais surtout par l’expérience américaine des CDC (Favreau, 1994).

En savoir plus

Mentionnons ici les principaux réseaux qui se sont formés dans la dernière décennie autour notamment de la question de l’emploi : 1) un réseau de quelque 100 Carrefours jeunesse emploi (CJE) ; 2) quelque 200 organismes communautaires de formation de la main-d’oeuvre ; 3) un réseau d’une cinquantaine de corporations de développement communautaire (CDC) ; 4) un réseau de corporations de développement économique communautaire (17 CDÉC) ; 5) une centaine d’entreprises communautaires et/ou d’insertion; 6) plusieurs dizaines de fonds locaux et régionaux de développement. Le réseautage de cet ensemble s’inscrit dans un cadre national notamment par l’intermédiaire d’une Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’oeuvre (400 associations). Mais surtout, l’inscription de ces réseaux dans le cadre d’un réseau des réseaux, le Chantier de l’économie sociale qui regroupe des représentants de toutes les organisations communautaires, de femmes, écologiques, syndicales et coopératives. Ce qui donne à ces initiatives, à la fois économiques et sociales, encore plus de capacité de négociation et de capacité à changer d’échelle d’intervention pour passer du micro au macro.