Pratiques Libératrices

Auteure +
Âurea Mouzinho

An: 2021

Une enquête sur les pratiques économiques libératrices contemporaines des Africains, des Afrodescendants et des Noirs

Démontrant des valeurs telles que la réciprocité, la confiance, l’attention, la coopération, l’autonomie, le bien-être collectif et l’écologie, les associations turno de dieta et les sociétés funéraires sont la preuve de l’existence et de la persistance de différentes méthodes de production, de transaction et de distribution de la richesse sociale autres que le recours à l’exploitation de la main d’œuvre et de l’environnement non humain en vue de la maximisation du profit. Si l’on entend par « économie » une série de relations, d’institutions et de pratiques orientées vers la préservation des moyens de subsistance, les associations turno de dieta et les sociétés funéraires témoignent donc du fait que, dans le monde entier, des communautés africaines, afrodescendantes et noires ont été des architectes et des gardiens d’économies collectives, régénératrices, émancipatrices et axées sur le bien-être, qui ont survécu parallèlement aux relations sociales capitalistes et malgré leur hégémonie.

Le présent document révèle un certain nombre de ces pratiques, en mettant en exergue les modes de vie, de création et l’identification à l’économie qui sont enracinés dans les efforts collectifs des peuples africains, afrodescendants et noirs pour réparer les injustices historiques, reconquérir la dignité et l’autonomie, et réaliser l’autodétermination. Tout en établissant une continuité entre le passé et le présent, le document identifie les pratiques qui se manifestent à la fois comme des vestiges de systèmes économiques et de modes de vie et de création ancestraux et qui ne se réfèrent pas ou ne sont pas liés aux cadres du capitalisme, ainsi que les moyens imaginatifs par lesquels les communautés africaines, afrodescendantes et noires ont résisté et contourné le capitalisme dans l’espace et dans le temps.

On se référera dans ce document à ces pratiques comme des pratiques économiques africaines libératrices. Les exemples sont présentés en deux groupes. Le dossier examine d’abord les pratiques qui se produisent dans les écosystèmes émancipateurs des pratiques, des institutions et des relations interconnectées ou ancrées dans une idéologie politique explicite visant à affirmer l’autonomie et l’autodétermination des peuples africains, afrodescendants et noirs. La deuxième section souligne des pratiques qui existent en dehors de tout projet ou toute idéologie de libération africaine explicitement énoncés. .

Le document démontre comment, au sein de ces groupes, chaque pratique se manifeste dans les différents lieux géographiques, les questions contextuelles qui sont à l’origine de son émergence, les systèmes de valeurs dans lesquels elle est ancrée ainsi que les manières dont elle contribue aux mythes et aux réalités de la libération économique africaine. Des études de cas ont été réalisées en Afrique du Sud, en Angola, au Brésil, en Colombie, en Éthiopie, aux États-Unis d’Amérique, au Royaume-Uni et au Zimbabwe, ainsi que dans sept pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Burkina Faso, la Gambie, le Ghana, la Guinée Conakry, la Guinée-Bissau, le Mali et le Sénégal.

La liste des pratiques présentées dans ce document n’est pas exhaustive et ne prétend pas être la représentation de la longue et riche histoire des peuples africains qui ont forgé des économies susceptibles d’assurer l’épanouissement de notre santé corporelle et mentale ainsi que la revalorisation de la terre. Ce document doit être considéré comme un exercice d’enquête réalisée dans l’intention de mettre en valeur la richesse des structures économiques africaines et leur immense valeur en tant que modèles de vie qui vont plus loin que le capitalisme.

Par ailleurs, cette recherche vise à combattre la sous-documentation des structures économiques africaines, afrodescendantes et noires dans l’arsenal des économies alternatives. À cet égard ce document réitère l’appel lancé par Caroline Hossein pour que les structures de l’économie sociale et solidaire apprécient véritablement les réalités vécues des Noirs et considèrent les théories radicales de la libération des Noirs comme une composante indispensable à leurs théories et praxis anticapitalistes.

Sommaire

Remerciements
Introduction
Reformulation De La Praxis Économique Libératrice Africaine
Au-delà de l’anticapitalisme
Instauration de communautés émancipatrices volontaires
Centrage d’un panafricanisme transformateur et d’une politique féministe
Exécution Des Idéologies Politiques Libératrices Africaines
Rendre hommage à la terre
Parvenir à l’émancipation par le travail collectif
Expériences D’émancipation Économique Africaine
L’épargne collective
La reconquête des terres
Le renforcement de l’autonomie des travailleurs
Libération Économique En Tant Que Processus Politique Collectif D’autodétermination
À propos de l’auteure
Bibliographie