Le programme économique de Pointe Saint-Charles 1983-1989 : La percée du développement économique communautaire dans le Sud-Ouest de Montréal

Organization
Institut de formation en developpement economique communautaire

Auteure +
Jean-Marc Gareau

An: 1990

Au cours des premiers mois de 1990 les journaux montréalais ont amplement parlé de relance économique et sociale dans les quartiers défavorisés du sud-ouest de Montréal. En effet, suite aux recommandations du Comité pour la relance de l’économie et de l’emploi dans le sud-ouest de Montréal (CREESOM), les gouvernements ont tour à tour annoncé des investissements totalisant plus de $500 millions de dollars dans cette région pour les cinq prochaines années. De ce montant — et c’est ce qui a le plus étonne — plus de 5 millions seront affectés au RESO, le Regroupement pour la relance économique et sociale du sud-ouest, une corporation locale nouvellement créée par des représentants de la communauté locale et qui deviendra le maître d’œuvre de la relance.

Ce qui est moins connu, cependant, c’est que le RESO n’est pas une création de dernière heure dans le milieu. Il est prolongement du Programme Économique de Pointe St-Charles (PEP) qui fut créé en 1984 par les organismes communautaires de ce quartier.

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Le PEP acceptait en septembre 1989, en assemblée générale de ses membres, de modifier ses règlements et son nom pour devenir Ie RESO après cinq (5) années d’efforts de développement au service de la communauté locale. Il est clair que le RESO n’aurait pu voir le jour sans le travail de pionnier du PEP et des organismes de Pointe St-Charles. En effet, le PEP fut la première corporation de développement économique communautaire (CDEC) à Montréal. Six autres y sont nées depuis au sein de plusieurs quartiers où sévit la désindustrialisation et le chômage. Cependant plusieurs initiatives existaient déjà ailleurs au Canada cherchant à exercer toujours plus de contrôle sur leurs économies locales. Dans des communautés désavantagées de Sydney, Toronto, Ottawa et dans plus de 150 bandes amérindiennes, des CDEC sont en activité et posent les fondations de nouvelles institutions économiques contrôlées localement pour servir les intérêts de la communauté locale. Ce courant existe aux États-Unis depuis 25 ans et compte plus de 2 000 CDEC. Il se répand aussi très rapidement en Europe de l’ouest. Il s’agit donc d’un mouvement qui traverse l’ensemble des pays développés — quoique sans structure ni direction centralisées — et démontre concrètement que des solutions profondes et durables sont en train d’émerger des communautés marginalisées. Elles s’approprient le leadership économique qu’elles abandonnaient autrefois entièrement aux mains des grandes corporations ou de l’État-Providence.

À l’aube d’une décennie où les forces économiques sont très instables et risquent à tout moment de culbuter dans la récession, les communautés locales déjà frappées par le chômage risquent plus que les autres d’en payer la note. Le développement économique communautaire (DEC) apparait alors comme une alternative sérieuse à la dépendance des communautés locales face à des investissements trop nerveux et volatiles. Le DEC est, dans ce contexte, appelé à un fort développement dans les prochaines années.

C’est pourquoi il nous a semblé important de faire connaitre les étapes d’émergence de la première CDEC à Montréal. Ce document s’adresse principalement aux praticiens et aux bénévoles engagés dans le DEC ainsi qu’aux personnes et organismes intéressés à renverser le cercle vicieux du sous-développement au sein des communautés locales. Avant que vous ne plongiez dans l’histoire du PEP, nous aimerions vous communiquer, lectrices, lecteurs deux brefs avertissements. Premièrement, ce document ne se veut pas un livre de recettes que vous pourriez transposer tel quel dans votre milieu. L’analyse concrète des problèmes de votre communauté, des ressources qui s’y trouvent, des forces et faiblesses de votre environnement vous guideront vers des objectifs et des outils de développement adaptés a votre réalité et donc bien différents de ceux que vous trouverez dans ces pages. Cependant, l’expérience nous apprend que, pour être bien planifié et accéder au succès, le DEC doit respecter certaines étapes de prérequis, de démarrage et de croissance. Nous pensons qu’à cet égard l’expérience du PEP peut-être utile.

Deuxièmement, nous parlerons beaucoup dans les pages qui suivent d’investissements, de démarrages d’entreprises, de créations d’emplois et d’autres modalités importantes du développement économique local. Ces champs d’intervention faisaient partie bien sûr du mandat que le PEP s’était donné. Mais par-dessus tout, la préoccupation première du PEP a toujours été que le développement économique serve les intérêts de la communauté locale et que celle-ci soit de plus en plus apte à s’organiser, à se prendre en mains et à gérer son développement.

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Table des matières

INTRODUCTION
LE CONTEXTE
Le quartier Pointe Saint-Charles et son mouvement communautaire
Quelques tentatives avortées de relance
LE PROGRAMME ÉCONOMIQUE DE POINTE SAINT-CHARLES
Des pressions en masse pour une mission et des buts communs
1985, une année de fondation
1987-88, des années d’expansion sur tous les fronts
1989, une année de transition
En guise de conclusion…DIX LEÇONS À RETENIR
ANNEXE I :
Les quatres phases du DEC au PEP
Annexe II :
Le Développement économique communautaire et ses sept composantes